Le néophyte de la dégustation et du vin que vous êtes, ou que vous avez un jour été, s’est forcément déjà posé cette question : mais d’où peut bien provenir la multitude d’arômes que l’on peut rencontrer dans les vins ? Comment des arômes aussi différents que le cuir, la cerise, la vanille ou encore l’herbe fraîche peuvent-ils être naturellement présents dans le vin ? Après tout, le vin provient du raisin, pourquoi n’en a-t-il pas simplement le goût ?
Pour commencer, dissipons tout malentendu : non, on ne rajoute pas d’arômes artificiels dans le vin ! Si un sauvignon a des arômes d’agrumes, ce n’est pas parce qu’on a rajouté des arômes de citron dans le vin, mais tout simplement parce que les agrumes sont l’un des arômes variétaux – arômes primaires – de ce cépage ! Idem pour le litchi dans le gewurztraminer ou le poivron vert dans le cabernet (enfin, dans celui qui manque de maturité) par exemple. Le vin, ce n’est pas comme le cocktail rosé-pamplemousse tout de même, et ce genre de pratique est bien entendu totalement interdite ! […]
LES ARÔMES DU VIN, C’EST AVANT TOUT UNE HISTOIRE DE MOLÉCULES :
Pour commencer, ces arômes que nous assimilons à d’autres produits que nous connaissons sont des ensembles de composés volatils faits de molécules aromatiques naturelles. Par exemple, la vanilline est un composé aromatique présent dans la vanille. Certains arômes sont simples alors que d’autres sont d’une grande complexité puisqu’ils sont constitués d’une multitude de composés volatils, comme le tabac par exemple (plus de deux mille deux cents composés volatils).
Pour simplifier, on utilise pour décrire un vin des produits dont l’odeur ressemble à celles qu’on retrouve dans ce vin, même si bien entendu, ces produits ne sont eux-mêmes pas présents dans votre verre, et n’ont même rien à voir avec le vin. En réalité, ces arômes du vin sont des ensembles de composés dont les structures moléculaires sont proches ou apparentées à celles des produits dont on reconnaît l’odeur. On ne rencontre pas d’arôme pur de citron dans le vin, mais une structure moléculaire proche de celle présente dans le citron, d’où la similitude olfactive […]. Voilà pourquoi les commentaires de dégustation peuvent parfois sembler si étranges aux personnes qui débutent leur apprentissage du vin : on peut donc dire d’un vin qu’il dévoile à la fois des flaveurs de fruits rouges, des notes giboyeuses, de sous-bois et … de café ! Prenez par exemple l’anéthol. C’est le composé responsable du goût anisé. Il est présent dans le fenouil, l’anis ou encore la badiane. Et bien sachez qu’on retrouve dans certains vins des composés proches de la structure de l’anéthol ! Le furanéol s’apparente quant à lui à l’odeur de la fraise. On le détecte aussi dans certains vins. Parfois cette ressemblance est tellement frappante qu’elle peut donner l’illusion de sentir le produit en question. L’exemple est un peu caricatural mais c’est notamment le cas du litchi dans certains gewurztraminers : au nez, et à l’aveugle, on pourrait presque croire qu’on hume l’odeur de litchis frais et de pétales de rose ! […]
LES ARÔMES DU VIN PRIMAIRES, SECONDAIRES, TERTIAIRES :
On distingue généralement trois catégories d’arômes, du fait leurs origines différentes : primaires, secondaires et tertiaires.
Les arômes primaires, ou variétaux, sont inhérents au cépage (ou à une famille de cépages) et au terroir. La pulpe et la pellicule des raisins contiennent de nombreux composés organiques dont une partie est aromatique. […]
Les arômes secondaires, ou fermentaires, proviennent de la fermentation (alcoolique et malolactique). Il s’agit d’arômes créés par l’activité des levures et des bactéries durant la fermentation alcoolique. En effet, ces dernières assimilent les nutriments du moût (sucres et acides aminés) et les transforment en alcool, ce qui crée de nouveaux arômes (alcooleux, spiritueux et certains arômes de fruits). Ces arômes comme l’arôme amylique (saveur de bonbon anglais ou de banane), sont particulièrement perceptibles dans les vins primeurs. […]. Pendant les fermentations malolactiques, de nouveaux arômes apparaissent, principalement lactés et beurrés (le diacétyle, qui est un produit formé par la fermentation malolactique) et une accentuation des arômes empyreumatiques (tout ce qui touche au feu, au fumé). Au contraire, les arômes qui influent sur la fraîcheur du vin, comme les arômes d’agrumes vont avoir tendance à diminuer.
Les arômes tertiaires proviennent de l’élevage et du vieillissement. La vanille, les arômes empyreumatiques et les épices font partie de ce type d’arômes. En effet, la vanilline, l’eugénol (arôme de clou de girofle) ou le le gaiacol (arôme de pain grillé) proviennent du contact avec les fûts de chêne préalablement toasté – qui porte le joli nom d’opération du « bousinage » -. Tous ces arômes proviennent des composantes du bois. Les notes d’élevage dépendent intimement du type de bois utilisé et des techniques de chauffe : ces paramètres peuvent conférer au vin des arômes assez différents (passage de la vanille à l’amande grillée avec une chauffe plus intense par exemple).
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